Interdire les ultrasons antijeunes ?
Un émetteur d'ultrasons pour décourager les groupes de jeunes fait son entrée sur le sol belge. Le monde politique semble déterminé à le bannir.
C' est un drôle de débat qui anime ces temps-ci les élus du Parlement flamand en commission de la Jeunesse. Le sujet : le "Mosquito", un appareil émettant des ultrasons, destiné à chasser les groupes de jeunes de certains lieux, publics ou privés, où ils causeraient des problèmes. Ce produit (Mosquito est un nom déposé) est notamment en vente sur Internet, où l'on peut se procurer un kit complet pour un peu plus de mille euros.
Pour l'instant, on ne peut pas parler de raz-de-marée : trois exemplaires seulement auraient été vendus en Flandre, mais aux Pays-Bas, on parle de 300 exemplaires, et au Royaume-Uni de 3 500. Dans ce dernier pays, il est fortement question d'interdire le procédé et la polémique fait rage, entre associations de commerçants, qui défendent son principe, et organisations de défense des droits qui veulent l'interdire.
Consensus négatif
Au Parlement flamand, récemment, il n'y a pas eu la même polémique. A part le Vlaams Belang, qui estime qu'il faut en débattre, personne ne veut entendre parler de ce système chez nous. Pour la députée Else De Wachter (SP.A), la plus en pointe sur le sujet, seule une minorité de jeunes cause des problèmes, alors qu'un système à ultrasons affecte tous les jeunes sans distinction aucune. D'autres mettent d'ailleurs en doute le fait que les sons émis ne seraient perceptibles que par les moins de 25 ans, explicitement visés par le fabricant. La fréquence annoncée est de 8 000 Hz, plus un son aigu qu'un ultrason. Bon nombre de trentenaires ou de quadras sont encore susceptibles d'entendre ce type de fréquences ou d'en être affectés.
Et puis, en Flandre, tout le monde se rappelle l'affaire de la plaine de jeux de Lauwe, que des riverains, déboutés en appel en 2007, avaient voulu faire fermer pour tapage. Suite à la décision de la cour, plusieurs communes ont fait inscrire dans leur règlement de police que "des enfants qui jouent ne sont pas en soi une source de nuisances".
Faut-il légiférer ?Alors, faut-il légiférer en la matière ? Réponse du ministre Bert Anciaux (Spirit) : vu la répartition des compétences en la matière ce serait compliqué, mais ce n'est pas nécessaire : selon l'administration fédérale, le produit tel qu'il est commercialisé ne serait pas conforme à la législation belge. Bref, on ne devrait pas de sitôt voir fleurir les Mosquitos à tous les coins de rue chez nous. Quoique...
Aux Pays-Bas, l'engin et le courant d'idées qui l'accompagne se banalisent déjà. L'auteur d'un reportage pour un quotidien national sur les Mosquitos commençait naguère son article comme suit : "Les jeunes qui traînent sont comme les pigeons. Ils se retrouvent souvent en grand nombre à des endroits où cela énerve les autres"...
La Libre Belgique - 04/03/08
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